Un peu de mon sang....

Je stoppe mon élan sur le pas de la porte, je vois l'ombre de ton corps s'avancer vers moi, je balbutie trois mots maladroits, et de ta bouche rien ne sort....tes yeux sont tes lèvres, ils parlent pour toi...et de ces yeux, bleu profond, bleu tristesse, bleu prison, je vois l'abîme, je vois une solitude désemparée, qu'une violence sourde s'enrage à camoufler....cette violence, elle est partout en toi, sur tes joues, tes mâchoires serrées, tes gestes saccadés, tes regards noirs et vides d'amour, sur ton corps élancé et qui peine à se mouvoir, sur ces phrases que tu cherches à me donner et qui ont tant de mal à venir....

Je t'observe, avec mon cœur, et j'en ai mal de cette douleur en toi que je sens si puissante, envahissante, et pourtant invisible de toi....tu prends un malin plaisir à te faire détester, tu voudrais qu'on te mette hors de notre portée à coups de pied, mais moi je sais que tu nous demandes des preuves d'amour, des bras qui s'ouvrent, des mots qui réchauffent, des oreilles qui comprennent...je t'observe, et je ne sais rien faire d'autre...je ne saurais pas t'aimer plus ce soir, je ne saurais pas t'ouvrir mes bras, ni mes mains, ni mes mots....tout juste une enveloppe dans laquelle j'aurais glissé 4 billets, tout juste ça....un échappatoire....

Pardonne ma maladresse, pardonne cette absence, pardonne cette incapacité à venir vers toi, dans ton univers, ton jardin d'adolescent qui me semble venir d'un autre monde....

Pardonne cette peur que j'ai de venir te rencontrer, écho à cet enfant vide de toute substance que j'ai moi même été, je ne saurais te donner plus ce soir...

Un au-revoir intimidant, quelques promesses, un dernier regard et je m'éclipse de cette scène aux contours douloureux, fusion d'un passé encombrant et d'un présent désarmé...

Je repars le cœur lourd, les larmes faciles, je n'ai su donner.....

Ce soir est un mauvais soir....

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