L'hisoire d'un rêve...

Une bouteille perdue dans le désert, ou peut être posée dans le sable, juste pour moi. Il me suffira d'en extraire le message, délicatement infusé tout au fond; et ce sera le grand jour, celui du départ, de tous les possibles.

Tel en volcan en éruption, éclatant de colère, viscère à l'air libre, je vais enfin pouvoir le vivre, ce rêve, car figurez vous, ce matin, la vie m'a dotée d'un étrange pouvoir, d'un super pouvoir ! Celui de le réaliser,  de le vivre au grand jour, de le faire sortir de mes phrases mille fois répétées "ah si j'avais su..." "j'aurais bien aimé mais..." "un jour peut être...", celui là même qui fut la suite de tant d'autres, espérés, impatients, puis bâillonnés, dissolus, piétinés par les peurs, égorgés tel un sacrifice facile...

Qu'à cela ne tienne, puisque cette chance m'est donnée, je me lance à cœur perdu dans cette épreuve de l'absolu, reconstruire pierre par pierre la réalité de mon rêve, me plonger dedans, m'y épuiser, peut être même n'y survivrais-je pas...

Je m'acharne à trouver les bonnes cartes, je scrute les chemins et les routes possibles, je trace des lignes et des courbes, j'hésite à faire des choix, je m'abreuve de livres, de récits, tous aussi fous les uns que les autres, je m'enfouis sous des histoires vécues par d'autres, afin d'y voir plus clair...

Je prépare ma garde robe, je défile devant ma glace, je fais le trajet 2000 fois dans ma tête, je m'y vois, le cœur battant, le souffle court, la salive sèche, car j'ai peur...de le vivre. De le rater aussi...Et lorsque je l'aurais vécu, quel autre rêve pourra de nouveau me donner la fièvre ?

Ne vais-je pas dépérir, évidée d'un sens perdu à jamais ?

Baliverne !!! Trêve de plaisanterie, il faut partir. La caravane étoilée ne peut attendre plus...le poids de mon baluchon sur mes épaules m' oblige à courber le dos, ca pèse lourd le rêve de toute une vie...

J'avais oublié, il y a aussi tous les Autres, ceux sans qui rien ne peut se faire, mes guides, mes consolateurs, mes conseillers, ceux qui me portent, qui tracent la bonne route...

Ce soir, je les invite autours d'un bon plat chaud, autours de belles histoires, des blagues peut être, des fous rires et des sursauts de joie. La fête avant le saut dans le vide, le saut de l'ange, ou celui du diable, je le saurais bientôt...

Si peu de place sous cette tente, que l'ambiance en devient intime, réconfortante et analgésiante...comme peut l' être le froid qui tombe dehors, la température a chuté brutalement.

Mais je m'y suis préparée, mon corps affuté n'a pas peur de grelotter, ni de la faim, ni de la soif.

Tout le monde s'habille chaudement, et s'engouffre dans un sac de couchage congelé par l'altitude. la nuit s'annonce périlleuse et longue. A mon tour je me décide de sombrer, je balbutie quelques mots qui tombent en pluie de givre.

Le réveil sonne, les corps sont encore en vie, c'est le début d'une chance, je m'extraie difficilement de mon sarcophage, mes doigts sont gelés, ils ont du mal à ouvrir la fermeture éclair de la porte d'entrée. Un vent meurtrier me lacère les joues, c'est bien comme cela que j'avais tout imaginé !

Je me mets debout sur mes deux pieds, puis je prends la mesure de ce qui m'attend...le souffle est muet, les paupières restent collées, le corps est devenu un pain de glace !

Je tente malgré tout de lever la tête, et j'aperçois au dessus de mon crâne, une arête montagneuse, de neige et de glace, de vent et d' immensité.

Dans quelques jours si le rêve veut bien toujours de moi, je marcherai dessus.

Sur le Toit du Monde.

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