Comme aimantée...

Voilà, je ne sais pas quand cela a commencé. Cet élan, cet amour,

Peut être à l'aube de mon enfance, accrochée à mon traineau,

Avec mon joli bonnet rouge à pompon et mes moufles bleues,

Tricotées par Mamie, Ma Mie, si généreuse Amie, si aimante...

Ou lorsque je m'amusais à habiller le bonhomme de neige

Pour qu'il ressemble un peu moins à un bonhomme de neige,

Lorsque je me tordais de rire à me goinfrer de poudre glacée,

Que je courrais à vive allure pour laisser de belles traces au sol,

Traces de mon passage, traces de ma joie de vivre, 

L'énergie insouciante de l'enfance qui n'en finit pas...

Ca vient peut être de là, de ces jours d'hiver à scruter le ciel,

Et des éclats de joie lorsqu'enfin, il pleure des larmes blanches,

Gouttelettes cotonneuses qui s'étalent sur le sol avec une tendresse infinie.

Voilà, je suis là, avec quelques décennies silencieuses en plus,

Les mêmes yeux éblouis, exorbités, la même palpitation dans ma poitrine,

Le même éclat d'amour derrière un corps qui a si peu grandi,

Je suis là, à regarder tomber un à un chaque flocon de miel...

Et que dire de son odeur, car la neige a une odeur, indescriptible.

Sa lourdeur les jours sans soleil et sa fin de vie, lorsque les rayons la brûle.

Son éclat, qui brise mes iris d'un seul coup de cils,

Et sa pureté, si lisse, impénétrable, douce comme le sourire d'une mère.

Vierge parfois de toute tentation, à peine une délicate présence d'une âme animale,

Un lièvre, un lapin, une fouine, un renard, un loup ou des chamois,

Et tant d'autres que je ne reconnaitrais pas...

Mon regard plonge et se perd aux confins de ces horizons blanchis,

Parfois tellement irréels que je me croirais figée dans le ventre d'une peinture,

Réalisée pour moi, rien que pour moi...l'égo en fait des tonnes et comment lui en vouloir !

Ses grincements sous mes semelles, lorsque la pente est raide, que les bâtons toussotent, que les jambes chancellent,

Ses craquements d'un matin au lever tôt, quand les températures tutoient l'indécence,

Quel magnifique concert, aucune fausse note dans la perfection de ces instants idylliques...

Et que dire de cette solitude poignante, bonheur pénétrant d'une quête incessante,

Que tant de personnes évitent, contournent, haïssent, et jugent...

Liberté illusoire ou grâle absolu ?

La réponse est portée par mon coeur, limpide, sans histoire ni mensonges.

Et la peur, parlons de toi, ma nouvelle compagne des cimes,

Ma belle étoile indésirable, quand dans mes tripes tu te frayes un chemin,

Pour agiter affectueusement le spectre blanc du sens interdit,

Le sens du retour, le sens du lâcher prise et du "pas cette fois-ci"...

J'apprends à t'écouter, à faire ce demi-tour si couteux et douloureux,

A faire le deuil de ce qui aurait pu être mes minutes d'un bonheur éternel...

J'apprends à te sentir, ressentir, renoncer, j'apprends à taire mon égo

Lorsqu'il me hurle trop fortement d'y aller quel qu'en soit le prix...

Mais ce qui reste là, attachée à ma peau, c'est l'attraction inexplicable

De ta présence à l'intérieur de chacune de mes cellules, bouillonnantes,

Impatientes, bouleversées, amoureuses sans doute de tant de beauté

Qu'aucun de mes mots ne sauront à jamais décrire comme il faut...

 

 

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