Le voyage imaginaire

Lorsque je ferme les yeux, que l'obscurité envahit ma conscience,

Que le calme prend rendez-vous, quel numéro ai-je envie de jouer ?

Et avec qui ? et pour quoi ? et pourquoi...

Je balaye de mon regard occulte le globe terrestre,

Je le fais tourner doucement de mes doigts agiles,

Comme je le ferais si je feuilletais un livre d'or, précieux...

Le bleu, le marron, le vert, le jaune défilent devant mes yeux,

Jusqu'à ne plus voir qu'une seule couleur, uniforme, indécise...

Ma main frileuse hésite à stopper, faire place nette, décider d'un lieu,

Alors il tourne toujours, tournis tourbillonnant, aucun répit possible,

Mes doigts fièrement feront 1000 fois le tour de cette terre.

Les paupières restent fermées, elles veulent de ce voyage imaginaire,

Alors je me cale confortablement au fond de mon siège, clap de début.

Je m'embarque. Ailleurs.

Je marche, mes pas ne produisent aucun son, ils laissent des traces épaisses,

Dans cette neige tombée du ciel rien que pour moi.

Le blanc plonge ses mains dans le vert des sapins, ou  peut être est-ce le contraire...

Des animaux épient mes moindres mouvements, je les sens là, 

Camouflés et à l'abris d'un potentiel danger.

Le froid entoure mes pieds et mes doigts engourdis,

Transformant mon corps en pantin maladroit,

Le soleil tapisse ses rayons partout autour de moi,

Formant un cercle au centre duquel mes pieds se trouvent enracinés.

La lenteur de mes gestes m'affuble d'une certaine noblesse, 

Je déguste le temps qui s'écoule, graines après graines,

Dans ce grand bocal nourri par mes rêves, vitamines imaginaires...

A la croisée de plusieurs chemins, sans hésiter, je me dirige tout droit,

Face à l'horizon, trajet le plus direct, évidence de mes sens en ébullition.

Les rayons du soleil me suivent toujours, laissant derrière moi 

Des cristaux transparents d'une beauté éphémère.

Gauche, droite, vue d'en haut, vue d'en bas, 

Mes pas me portent vers une maison de bois,

Des rondins d'une blondeur hypnotique, lisses, polis par l'usage,

Des petites fenêtres décorées de toute part, délicates,

Une cheminée joyeuse qui laisse s'échapper des filaments dorés,

Une porte lourde, imposante, qui ne s'ouvrira qu'après plusieurs tentatives.

Je rentre. Gênée de laisser sur le sol les traces de ma venue.

Le silence s'est engouffré aussi vite qu'un feu de vent,

Mon regard se faufile partout dans chaque recoin de cette pièce,

Et je respire à plein poumon l'odeur de celle qui est la Bienvenue.

Sur la table trônent deux couverts, un vase rempli de roses,

Deux verres de vin, une lettre avec mon nom inscrit dessus.

Délicatement ma curiosité m'amène à l'ouvrir, déplier le fragile document,

Caresser chaque mot, ponctuation, espaces, silences...

Ecriture légère, fine, celle du cœur, de l'espoir, des aveux...

Lorsque mes yeux parviennent à quitter ces lignes,

Ils se posent sur un visage, une émotion, une expression, une histoire.

Je comprends bien vite ce qui se trame entre ces deux élans,

Le feu se met à crépiter de plus en plus vite, les verres se remplissent,

L'humeur se met à danser, l'amour virevolte puis s'enracine.

Le voyage se terminera là, dans cette maison refuge au milieu de nulle part,

Pour laisser la place à la vie qui se vit, à l'amour qui se transforme, 

A l'espoir qui perdure, à l' histoire qui s'écrit

Et à tout le reste qui reste à inventer.

 

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